En mars 1999, le marais salant de l’étoile voit le jour. La construction a pris trois années. Tout d’abord un curage à la pelleteuse, puis le reste du travail à la main. Monter les chemins (les ponts), établir les niveaux, créer les surfaces de récolte (les œillets). Ma formation a eu lieu sur le marais salant du Recoin, aujourd’hui municipal, avec Yves Sochard fils de paludier hilairois. Construire l’outil est une chose, mais produire du sel en est une autre ! Très vite j’ai vu qu’il était complexe de faire naître l’or blanc. J’avais saisi cette alchimie entre le soleil, l’eau de mer et le vent mais le plus dur restait le dosage.
Ma rencontre avec André Raffin sera capitale. L’homme est passionné et n’est donc pas avare de partage. Je vais régulièrement à sa rencontre à l’Ile d’Olonne. Je l’abreuve de toutes les questions qui me traversent l’esprit durant la semaine, et à mon retour, m’exécute. Il est saunier depuis toujours. A huit ans, il travaille sur les marais de son père pour prendre la suite bien plus tard. Lorsque je le rencontre, il a soixante-douze ans, est espiègle et en pleine forme. Christian son fils le conduira sur mon exploitation. Le temps passe et le marais salant prend vie.
En 2003, La campagne de sel commence par un printemps généreux. Les préparations de mars à juin vont bon train, les premières cristallisations arrivent fin juin. Mais cette fois-ci elles ne s’arrêteront pas, c’est la canicule ! Cette année sera pour moi la récompense de tous mes efforts. Non seulement, ma salorge se remplit mais mes doutes s’estompent. Je sais maintenant que le marais peut produire, et en quantité. Les campagnes de sel se succéderont avec leurs joies et leurs déceptions.
En 1999, pour vivre nous mettons en avant des visites guidées dès la création de l’entreprise. La marque SEL DE VIE sera également établie cette année là. Au fil du temps, celle-ci s’étoffe. Des sels aux aromates, aux épices, les salicornes, les caramels au beurre salé. Viendront ensuite les produits dérivés comme nos moutardes, les vinaigres et bientôt les épices.
En 2006, nous optons pour un partenariat engagé par la Mairie de St Hilaire de Riez propriétaire du marais du Recoin. En effet, dès lors les visites sont prises en charge par le saunier municipal sur son site et se concluent sur notre marais ce qui me permet de me consacrer à la production et au développement de l’exploitation.
André est parti. Stéphane son petit-fils a pris la relève, lui et moi ne nous connaissons pas, mais je remercie toute la famille Raffin.
Aujourd’hui nous travaillons sur un site magique et j’entends les visiteurs me rappeler ô combien je suis chanceux de vivre mes rêves. Cependant la météo est là, elle veille à ce que nous gardions notre place dans cette parcelle de nature façonnée par l’homme il y a des siècles. Chaque campagne de sel reste alors une nouvelle aventure où tout se rejoue.
A bientôt sur le Marais salant de l’étoile, Anthony.